Mercosur + Béton : Le Combo Gagnant Pour Tuer l'Agriculture Française
Ou comment Bruxelles et les promoteurs s'allient (sans le savoir) pour achever nos agriculteurs
Par Maître Thomas CARBONNIER, Avocat fiscaliste et Président de l'UNPI 95
Mes chers compatriotes propriétaires, citoyens perplexes,
Imaginez un instant le scénario suivant : vous êtes agriculteur dans le Val-d'Oise. Votre voisin de gauche vient de vendre ses 15 hectares à un promoteur qui construit 200 pavillons. Votre voisin de droite, lui, abandonne : impossible de concurrencer le bœuf argentin qui arrive par containers entiers à 2 euros le kilo pendant que le sien lui revient à 6 euros (normes européennes, merci bien).
Vous, au milieu, vous faites quoi ?
Réponse A : Vous résistez héroïquement, tel Vercingétorix face aux légions romaines
Réponse B : Vous vendez au promoteur et vous partez élever des lamas en Ardèche
Réponse C : Vous devenez animateur de ferme pédagogique pour Parisiens en quête d'authenticité
Si vous avez répondu B, félicitations : vous êtes rationnel. Et c'est exactement le problème.
Bienvenue dans l'absurdité française : pendant que nous bétonnons nos terres agricoles, Bruxelles négocie un traité pour importer massivement de la viande, des fruits et des céréales d'Amérique du Sud. Double peine. Effet ciseaux. K.O. technique.
Le Mercosur (Marché Commun du Sud), c'est ce sympathique accord de libre-échange que l'Union Européenne négocie depuis 25 ans avec le Brésil, l'Argentine, l'Uruguay et le Paraguay. Objectif affiché : "ouvrir des marchés", "favoriser les échanges", "créer de la croissance".
Traduction en français courant : permettre l'importation massive de produits agricoles sud-américains à des prix défiant toute concurrence, produits avec des normes environnementales et sanitaires que nous interdisons formellement chez nous.
Les chiffres donnent le vertige :
Et ce, avec des droits de douane réduits ou supprimés.
Permettez-moi un instant de délicatesse toute particulière sur ce point. En Europe, nous imposons à nos agriculteurs :
Pendant ce temps, en Amérique du Sud :
Et nous importons ces produits en disant "formidable, c'est moins cher !"
C'est ce que j'appelle l'externalisation de nos contradictions : nous voulons une agriculture propre, mais ailleurs. Nous dénonçons la déforestation, mais nous l'encourageons en important. Nous parlons de circuit court, mais nous faisons venir de la viande de 11 000 kilomètres.
Le pompon : nous exigeons de nos agriculteurs qu'ils respectent des normes qu'on n'impose pas aux importations. C'est comme organiser une course de Formule 1 où les Français doivent rouler à vélo pendant que les autres ont des moteurs V12.
Reprenons notre agriculteur du Val-d'Oise. Non seulement il ne peut pas s'aligner sur les prix argentins (trop de normes, trop de charges, trop de dignité), mais EN PLUS :
Son terrain vaut 100 fois plus en lotissement qu'en culture
Chaque année en France : 20 000 à 30 000 hectares de terres agricoles disparaissent sous le béton. L'équivalent d'un département moyen tous les 15 ans.
Le calcul est simple : pourquoi notre agriculteur continuerait-il à produire des tomates à perte en concurrence avec le Brésil, quand il peut vendre son terrain et vivre confortablement de la rente ?
Réponse : il ne continue pas. Et il a raison. Individuellement, il est parfaitement rationnel. Collectivement, on se tire une balle dans le pied avec un bazooka.
Le Zéro Artificialisation Nette (loi Climat et Résilience 2021) arrive enfin. Objectif 2050 : ne plus consommer aucun espace naturel ou agricole net. Étape 2030 : réduction de 50%.
C'est une excellente nouvelle. Vraiment. On arrête enfin l'hémorragie.
Mais... (il y a toujours un "mais")
C'est comme équiper le Titanic de gilets de sauvetage flambant neufs... pendant qu'on négocie avec l'iceberg pour qu'il soit encore plus gros.
Soyons honnêtes : même sans Mercosur, même sans béton, l'agriculture française serait déjà en soins intensifs.
Les vrais problèmes structurels :
L'agriculture française était déjà sonnée. Le Mercosur + le béton, c'est juste le coup de grâce. Le one-two punch fatal.
Les Sociétés d'Aménagement Foncier et d'Établissement Rural font ce qu'elles peuvent. Vraiment. Avec un droit de préemption, elles tentent de maintenir les terres en usage agricole, d'installer des jeunes, de restructurer les exploitations.
Il y a des succès : des terres sauvées, des projets immobiliers bloqués, des installations réussies. Dans certains départements, avec des élus volontaires et des budgets corrects, elles accomplissent un travail remarquable.
Mais le déséquilibre est vertigineux :
C'est David contre Goliath. Sauf que dans la vraie vie, Goliath gagne presque toujours.
Et même quand les SAFER préservent une terre agricole, elles la préservent pour QUOI ? Pour qu'un agriculteur produise à perte en concurrence avec le Brésil ? Pour qu'il abandonne 5 ans plus tard faute de rentabilité ?
Sauver une terre sans sauver l'économie agricole, c'est sauver le contenant en laissant mourir le contenu.
Permettez-moi de résumer l'absurdité de la situation :
Ce que l'UE dit :
Ce que l'UE fait :
Et en France ?
C'est ce que j'appelle le "triptyque de l'incohérence" : normer, importer, bétonner.
Si c'était une stratégie pour détruire notre agriculture, on ne ferait pas mieux.
Proposition simple : la France doit bloquer l'accord Mercosur. Point. Sans négociation.
Arguments :
Mécanisme : clause de sauvegarde permettant d'exiger que toute importation respecte les mêmes normes de production que nos agriculteurs. Pas de double standard.
Le ZAN, c'est bien. Mais il faut des dents :
Mesures concrètes :
Objectif : transformer l'intention en contrainte effective.
Proposition :
Financement : les surtaxes alimentent un Fonds Souverain Agricole de 5 milliards d'euros géré par les SAFER pour porter du foncier long terme.
Objectif : rendre la vente à un agriculteur AUSSI attractive fiscalement que la vente à un promoteur.
Proposition radicale :
Objectif : arrêter l'hypocrisie. Si nous voulons de la qualité, payons-la. Si nous voulons du cheap, assumons les conséquences.
Proposition stratégique :
Objectif : reconstruire des filières locales, réduire la dépendance, diminuer l'empreinte carbone.
Au milieu de ces bouleversements (Mercosur, ZAN, mutations agricoles), l'Union Nationale des Propriétaires Immobiliers du Val-d'Oise (UNPI 95) défend les intérêts des propriétaires fonciers et immobiliers.
Notre mission :
Ce que nous ne sommes pas : une association spécialisée en droit rural. Pour les questions pointues sur les baux ruraux, relations avec les SAFER ou fiscalité agricole spécifique, nous vous orientons vers les professionnels compétents.
UNPI 95 - Union Nationale des Propriétaires Immobiliers du Val-d'Oise
Chambre des Propriétaires et Copropriétaires Associés
Adresse : 5 avenue Paul Herbé, 95200 SARCELLES
Téléphone : 09 73 51 14 60
Mobile : 06 95 98 98 78
Site web : https://95sarcelles.unpi.org
Parce que comprendre les mutations géopolitiques et réglementaires qui impactent votre patrimoine, c'est déjà mieux défendre vos intérêts.
Mes amis propriétaires, citoyens, contribuables,
Nous sommes à un moment charnière de notre histoire. Le Mercosur + le béton = la fin programmée de l'agriculture française. Ce n'est pas une opinion, c'est une équation.
Si l'accord Mercosur passe :
Si le ZAN échoue :
La fenêtre de tir est étroite : nous avons 5 à 10 ans pour inverser la tendance. Après, il sera trop tard. Une terre bétonnée ne redevient jamais agricole. Un tissu agricole détruit met 50 ans à se reconstruire.
Le choix est politique :
En tant qu'avocat fiscaliste et président de l'UNPI 95, je défends les propriétaires. Mais je ne suis pas aveugle. Un propriétaire foncier sans agriculture viable, c'est un propriétaire qui ne possède plus qu'un terrain constructible en devenir.
La propriété foncière agricole n'a de sens que s'il existe une agriculture pour l'exploiter.
Sinon, autant tout bétonner et importer nos tomates du Paraguay. Ce sera cohérent. Suicidaire, mais cohérent.
Le réveil ou le naufrage. Il n'y a pas de troisième voie.
Maître Thomas CARBONNIER
Avocat fiscaliste - Président UNPI 95
"Défendre la propriété, c'est aussi défendre ce qu'on y fait"