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Chambre Syndicale de la Propriété Immobilière

Diagnostics Immobiliers 2026 : Au-Delà des Obligations, Comprendre les Limites du Système

Les diagnostics immobiliers sont désormais incontournables pour vendre dans le Val-d'Oise. Les plateformes comme SeLoger et Bien'ici bloquent les annonces sans DPE. Les notaires refusent de signer sans dossier complet. Dès le 1er janvier 2026, de nouvelles obligations s'ajoutent : DPE collectif pour toutes les copropriétés, audit énergétique étendu aux biens classés E, réforme majeure du coefficient électrique.

Mais au-delà du respect scrupuleux de ces règles, il est temps de prendre du recul : ces diagnostics reflètent-ils vraiment la performance énergétique de votre bien ? Les chiffres théoriques correspondent-ils aux économies réelles ? La réponse est plus nuancée qu'on ne le pense.

La réalité pratique : impossible de vendre sans diagnostics

Les sanctions légales existent, mais le véritable obstacle aujourd'hui est technique :

  • Les plateformes immobilières bloquent automatiquement les annonces sans DPE affiché.
  • Les notaires refusent de signer sans dossier complet (responsabilité professionnelle engagée).
  • Les acheteurs sont informés et exigeants, souvent accompagnés juridiquement.

Sans diagnostics complets, vous ne pourrez matériellement pas vendre. C'est devenu un prérequis technique absolu, au-delà des sanctions théoriques.

Les nouveautés 2026 : ce qui change vraiment

1. DPE collectif obligatoire pour presque toutes les copropriétés

Calendrier progressif :

  • Depuis janvier 2024 : copropriétés de plus de 200 lots
  • Depuis janvier 2025 : copropriétés entre 50 et 200 lots
  • Dès le 1er janvier 2026 : copropriétés de moins de 50 lots

Exceptions :

  • Bâtiments classés ou inscrits aux monuments historiques
  • Bâtiments dont le DPE collectif (réalisé après le 1er juillet 2021) indique une classe A, B ou C

Si vous vendez un appartement en copropriété en 2026, vous devrez fournir le DPE collectif et votre DPE individuel. Sans DPE collectif, l'acheteur peut refuser de signer, et le notaire peut bloquer la vente.

Coût du DPE collectif : variable selon la taille et la complexité de la copropriété. Le montant est réparti entre les copropriétaires selon leurs tantièmes.

Action immédiate : vérifiez dès maintenant si votre syndic a commandé le DPE collectif. Sinon, interpellez-le en assemblée générale.

2. Réforme majeure du coefficient électrique : 850 000 logements reclassés

Dès le 1er janvier 2026, le coefficient de conversion de l’électricité passe de 2,3 à 1,9.

Jusqu’ici, 1 kWh électrique comptait pour 2,3 kWh d’énergie primaire. À partir de 2026, il comptera pour 1,9 kWh. Cette baisse reflète mieux le mix électrique français, largement décarboné.

Impact :
Environ 850 000 logements chauffés à l’électricité sortiront du statut de passoire énergétique (classe F ou G).
68 % des logements classés F passeront E.
40 % des logements G passeront F.

Pourquoi cette réforme ?
Le coefficient de 2,3 pénalisait injustement l’électricité au profit du gaz et du fioul. Le gouvernement corrige cette anomalie.

Attention : un meilleur classement DPE ne signifie pas une consommation réelle plus basse. C’est une réévaluation théorique.

Les DPE existants restent valables mais peuvent être mis à jour gratuitement sur le site de l’Observatoire DPE-Audit de l’ADEME.

3. Audit énergétique étendu aux biens classés E

Depuis avril 2023, les maisons classées F ou G doivent fournir un audit énergétique lors de la vente.
Dès le 1er janvier 2025, cette obligation s’étend aux biens classés E. Validité : 5 ans

4. DPE anciens devenus obsolètes

Les DPE réalisés entre le 1er janvier 2018 et le 30 juin 2021 ne sont plus valides depuis janvier 2025.
Refaites-le avant toute mise en vente.

La grande question : les diagnostics disent-ils la vérité ?

Le DPE est un calcul théorique, pas une mesure réelle.
Il repose sur la méthode 3CL, basée sur des hypothèses standardisées (19°C, occupation moyenne, comportement type).

5. L’effet rebond : quand l’isolation augmente la consommation

Des études (Université de Cambridge, Insee France) montrent que lorsqu’un logement est mieux isolé, les occupants augmentent souvent la température intérieure.

Les économies réelles sont 40 à 60 % inférieures aux projections du DPE.

Une étude Insee (2025) montre :

  • baisse moyenne de 5,4 % de la consommation électrique
  • baisse de 8,9 % de la consommation de gaz

Pourquoi ? Les occupants profitent du confort pour chauffer davantage. Ce n’est pas du gaspillage, mais un bénéfice social légitime.

6. L’isolation a un coût caché : humidité et moisissures

Une isolation sans ventilation adaptée peut créer des problèmes d’humidité et de moisissures.
Une maison hermétique doit être équipée d’une VMC performante, faute de quoi des dégradations importantes peuvent survenir.

Résultat paradoxal : un bien mieux isolé peut devenir moins sain.
Les réparations peuvent coûter de quelques centaines à plusieurs dizaines de milliers d’euros.

7. La réforme du coefficient électrique : une illusion ?

La baisse du coefficient est justifiée mais peut créer une illusion de performance.
Un logement classé F qui passe E n’a pas changé physiquement : sa consommation reste la même.

850 000 logements vont sortir artificiellement du statut de passoire thermique.

8. Le DPE comme arme politique et idéologique

Le DPE est aussi devenu un outil politique.
À Paris, Ian Brossat (adjoint au logement sous Anne Hidalgo) a utilisé le droit de préemption pour racheter des immeubles mal classés et les transformer en logements sociaux.

Entre 2008 et 2013 : 188 immeubles préemptés (3 573 appartements).
En décembre 2014 : extension du DPUR à 257 immeubles (8 021 logements).

Les propriétaires concernés ont dénoncé une baisse de valeur de 20 à 30 %.
Certains y voient une politique de mixité sociale, d’autres une spoliation déguisée.

Le DPE en Europe : la France est-elle une exception ?

Méthodes de calcul divergentes

  • France : méthode 3CL, purement théorique.
  • Belgique / Royaume-Uni : consommation réelle basée sur les factures.
  • Allemagne : combinaison des deux approches.

Résultat : un même logement peut avoir des classes différentes selon les pays.

Échelles et obligations différentes

La France interdit progressivement la location des passoires thermiques (G en 2025, F en 2028, E en 2034).
L’Allemagne impose que les nouveaux systèmes de chauffage contiennent 65 % d’énergies renouvelables.
Les Pays-Bas imposent la classe C pour les bâtiments tertiaires.

Efficacité réelle : résultats décevants

Une étude de l’AIE (2023) montre un écart de 30 à 50 % entre économies théoriques et réelles dans toute l’Europe.

Le Royaume-Uni a reculé sur son objectif de classe C pour tous les logements locatifs, jugeant la mesure irréaliste.

En résumé

  • Aucun système n’est parfait
  • L’effet rebond est universel
  • Les interdictions strictes posent problème
  • L’approche allemande (interdire les nouveaux systèmes fossiles) est prometteuse
  • Le financement public est clé : 14 Md€ en Allemagne, 5 Md€ en France

Que faire face à ces limites ?

Ne vous fiez pas aveuglément au DPE

Les factures réelles dépendent de votre température de confort, de votre mode de vie et du taux d’occupation.

Priorité à l’isolation

C’est l’investissement le plus rentable, à condition d’assurer une bonne ventilation.

Profitez de la réforme du coefficient électrique

Un bien chauffé à l’électricité peut remonter de classe sans travaux dès 2026.

Soyez transparent avec les acheteurs

Fournissez les factures réelles des trois dernières années.

Ne négligez aucun diagnostic

Tous sont indispensables pour la sécurité, la santé et la validité de la vente.

Les diagnostics obligatoires en 2026

  • DPE (tous les biens) – validité 10 ans
  • Amiante (avant 1997)
  • Plomb (avant 1949)
  • État des risques
  • Électricité (>15 ans)
  • Gaz (>15 ans)
  • Termites (zones concernées)
  • Loi Carrez (copropriété)
  • Assainissement (non raccordé)
  • Mérules (zones concernées)
  • Chauffage bois (si applicable)

Optimiser vos coûts

  • Regroupez vos diagnostics chez un seul prestataire.
  • Comparez plusieurs devis.
  • Anticipez (1 à 2 mois avant la mise en vente).
  • Conservez tous vos rapports valides.

Pièges à éviter

  • Attendre 2026 pour faire vos diagnostics.
  • Oublier le DPE collectif en copropriété.
  • Croire qu’un meilleur DPE = économies garanties.
  • Laisser un DPE périmé.
  • Négliger le dossier complet : un seul diagnostic manquant bloque la vente.

L’accompagnement UNPI 95 Sarcelles

  • Permanences juridiques gratuites
  • Diagnostiqueurs certifiés (prix préférentiel pour adhérents)
  • Vérification des dossiers avant vente
  • Mise en relation avec avocats spécialisés 

Conclusion : comprendre le système pour mieux l’utiliser

Les diagnostics immobiliers sont indispensables pour vendre.
Mais il faut en connaître les limites :

  • Le DPE est théorique
  • L’effet rebond réduit les économies
  • L’isolation mal faite peut nuire à la santé du logement
  • La réforme du coefficient électrique améliore les notes sans changer la réalité

Un dossier complet sécurise une vente de plusieurs centaines de milliers d’euros.

Anticipez vos diagnostics 2 à 3 mois avant la mise en vente : en 2026, les règles seront encore plus strictes.

Maître Thomas CARBONNIER – Avocat fiscaliste, Président de l’UNPI 95 Sarcelles
Pour sécuriser votre vente tout en comprenant les limites du système, contactez-nous.