Quand le mur de votre salon devient votre meilleur investissement immobilier
Imaginez. Votre voisin vend sa maison 280 000 euros. La vôtre, strictement identique en surface et localisation, se vend 310 000 euros. Différence ? Un mur végétal de 15 m² dans votre séjour et une étiquette DPE améliorée. Bienvenue dans l'ère de la "valeur verte", où un investissement de 6 000 euros peut générer 30 000 euros de plus-value.
Science-fiction ? Non. Réalité du marché immobilier 2025.
Depuis le 1er janvier 2022, la Réglementation Environnementale 2020 (RE2020) est entrée en vigueur progressivement pour tous les logements neufs Bunker a vendre en France. Les plafonds d'émissions de carbone sont abaissés par paliers en 2025 (-15% en moyenne), 2028 (-24% cumulé) et enfin 2031 (-35% cumulé).
Traduction pour vous, propriétaire ? Votre bien immobilier ancien devient mécaniquement moins attractif face au neuf ultra-performant. Sauf si vous trouvez des solutions pour améliorer sa performance environnementale. Et là, le mur végétal pourrait bien être votre as dans la manche.
La RE2020 vise à réduire l'impact environnemental de la construction neuve en intégrant le calcul des consommations d'énergie et des émissions de carbone à toutes les étapes de vie du bâtiment.
Elle repose sur trois axes majeurs : la décarbonation, la sobriété énergétique et le confort d'été.
Depuis le 1er janvier 2025, les seuils réglementaires des indicateurs carbone pour les bâtiments neufs ont été abaissés, notamment pour les logements collectifs avec un effort renforcé de près de 50% qui se traduit par la fin du recours exclusif aux solutions à base de gaz.
Pourquoi ça vous concerne, vous qui possédez de l'ancien ?
Aujourd'hui, les performances énergétiques de la maison ou de l'appartement ainsi que ses émissions de gaz à effet de serre sont des facteurs déterminants dans l'acte d'achat, au point d'avoir une incidence sur les prix de vente.
Sur une maison à 300 000 euros, on parle de 30 000 à 66 000 euros de différence. Juste à cause du DPE.
Depuis des années, on nous vante les murs végétaux comme des purificateurs d'air miracles. Qu'en est-il vraiment ?
L'idée d'utiliser les plantes pour purifier l'air des bâtiments a pris son essor à la suite des recherches du docteur Wolverton de la NASA. Les expériences ont été réalisées en laboratoire : on a mis une plante sous un abri hermétique, injecté une dose de polluant, puis calculé la quantité de composés absorbés après 24 heures.
Les résultats en laboratoire ? Impressionnants. Le Dracaena deremensis 'Janet Craig' aurait un indice d'efficacité de 7,8/10 pour le trichloroéthylène
À l'inverse, la moins-value pour une habitation ayant une mauvaise étiquette (F ou G) par rapport à une étiquette D est en moyenne de -10% pour une maison et entre -3 et -8% pour les appartements.
Sur une maison à 300 000 euros, on parle de 30 000 à 66 000 euros de différence. Juste à cause du DPE.
Depuis des années, on nous vante les murs végétaux comme des purificateurs d'air miracles. Qu'en est-il vraiment ?
L'idée d'utiliser les plantes pour purifier l'air des bâtiments a pris son essor à la suite des recherches du docteur Wolverton de la NASA. Les expériences ont été réalisées en laboratoire : on a mis une plante sous un abri hermétique, injecté une dose de polluant, puis calculé la quantité de composés absorbés après 24 heures.
Les résultats en laboratoire ? Impressionnants. Le Dracaena deremensis 'Janet Craig' aurait un indice d'efficacité de 7,8/10 pour le trichloroéthylène.
Mais dans la vraie vie ? C'est là que ça se complique.
Une étude évaluant les performances de capteurs pour suivre la qualité de l'air ambiant s'est intéressée à l'impact d'un mur végétal dans un environnement intérieur. La conclusion confirme les résultats de l'étude Phyt'air : "Il est impossible de démontrer une différence significative entre l'air ambiant et l'air extrait du mur végétal".
Brutal, non ? Les simples plantes en pot ne dépolluent pas votre logement de manière mesurable.
Attention, on ne parle plus des mêmes installations.
Le docteur Alan Darlington de l'Université de Guelph en Ontario a élaboré le Biowall, un mur végétal qui est un système hydroponique à la verticale contenant des plantes et des microorganismes ayant des propriétés d'épuration. Les meilleurs résultats sont obtenus lorsque le Biowall est associé à un système de ventilation : l'air intérieur passe au travers du filtre biologique avant d'être redistribué dans l'édifice.
Des chercheurs de l'Université de Technologie de Sydney en partenariat avec la société Ambius ont révélé que certaines plantes d'intérieur pourraient jouer un rôle crucial dans l'amélioration de la qualité de l'air. L'étude a utilisé un système de mur végétal et les résultats montrent que plus la concentration de toxines dans l'air était élevée, plus les plantes devenaient efficaces pour les éliminer.
La différence clé ? Un système actif avec ventilation forcée, pas juste des plantes accrochées au mur.
En 2010, la SNCF a installé à la gare Magenta un mur végétal dépolluant de 70m² associant plus de 3000 plantes de 31 espèces végétales différentes dont les effets purificateurs sont reconnus par le CSTB. Ce dispositif d'un coût de 150 000 euros demeure expérimental.
Oubliez l'argument "purification de l'air". C'est marginal. Le vrai jackpot ? L'effet psychologique et la valeur perçue.
Les principaux bienfaits des murs végétaux intérieurs sont à rechercher sur l'esprit. Dans nos villes de béton et de métal, tous les lieux végétalisés deviennent des havres de paix. Le mur végétal présent au sein même d'un bâtiment apporte une réelle bouffée d'air frais à ses occupants.
Plusieurs études scientifiques ont démontré l'effet positif des plantes sur notre moral et notre humeur. Placer un mur végétal dans un open-space d'entreprise permet d'améliorer le bien-être et la productivité des employés.
En 2025, les acheteurs ne veulent plus seulement un toit. Ils veulent un cadre de vie.
Selon une étude réalisée par Opinionway pour SeLoger en 2023, 90% des candidats à l'achat souhaitent visiter seulement les biens possédant un Diagnostic de Performance Énergétique (DPE) favorable. Ils étaient 50% en 2020.
Un mur végétal bien intégré dans une stratégie de rénovation globale envoie un signal fort : "Ce propriétaire se soucie de l'environnement et du bien-être. Ce bien est moderne, sain, désirable."
Les murs végétaux permettent un meilleur confort de vie. Ils deviennent un élément important de l'isolation phonique d'un lieu et réduisent le phénomène de résonance d'une pièce, quelle que soit sa taille.
Dans un open-space, un salon cathédrale ou une pièce aux murs nus, l'effet est réel et mesurable. Pas négligeable dans les zones urbaines bruyantes.
Soyons honnêtes : un mur végétal n'est pas gratuit. Mais comparé aux gains potentiels, le calcul peut être très favorable.
Le tarif au mètre carré oscille entre 200 et 1800 euros pour les murs extérieurs, et s'élève pour les murs intérieurs entre 250 et 2100 euros par mètre carré en 2025.
Pour un cadre végétal de seulement 1 m², il faut compter entre 1300 et 1500 € en fourniture et pose. Une grande partie de ce tarif correspond à la main d'œuvre pour l'installation de la structure et du système d'irrigation.
Concrètement, pour un projet résidentiel "raisonnable" :
Pour un travail professionnel, le prix au mètre carré d'un mur végétal naturel est compris entre 400 et 700 euros HT. Comptez même jusqu'à 1500 euros pour un mur réalisé à partir de plantes stabilisées.
Un mur végétal d'intérieur est généralement équipé d'un système d'irrigation autonome et ne nécessite donc pas d'entretien quotidien. Il est conseillé de faire entretenir son mur végétal chaque saison pour s'assurer que les plantes sont en parfaite santé.
En passant par un professionnel, comptez entre 200 et 500 euros hors taxes par an pour un mur végétalisé classique. S'il s'agit d'un mur végétalisé stabilisé, vous n'aurez aucun coût d'entretien supplémentaire.
D'après une enquête de Plante & Cité en 2013, le coût moyen d'entretien pour les murs végétalisés en cages métalliques et nappes continues varie selon les types d'interventions : contrôles rapprochés et maintenance 2 à 3 fois par an.
Budget annuel réaliste : 300 à 600 euros pour un mur de 10 à 15 m².
Attention, point critique !
Un mur végétal en intérieur augmente l'humidité relative, en moyenne, de 20 points, avec un minimal enregistré à 60%, ce qui est déjà la limite recommandée. Pour rappel, l'humidité relative optimale, pour un confort et une absence de développement fongique, est comprise entre 40 et 60%.
Dans un logement, les murs végétaux doivent être envisagés avec précaution. Dans des espaces tertiaires bien ventilés, pas de problème. Dans une maison mal ventilée ? Risque de moisissures et de dégradation.
Un mur végétal seul ne fera pas de miracle sur votre DPE. Mais intégré dans une rénovation énergétique cohérente, il devient un atout marketing puissant.
Budget : 25 000 à 35 000 euros pour un appartement de 70 m²
Aides disponibles :
Coût net après aides : 15 000 à 25 000 euros
Selon l'étude réalisée par les Notaires de France en 2019, les maisons individuelles et appartements ayant une classe énergie A et B se vendent respectivement 9 à 12% et 6 à 9% plus cher que ceux ayant une classe énergie D.
Simulation concrète :
Sans compter :
Dans un logement, les murs végétaux doivent être envisagés avec précaution en raison du risque d'augmentation excessive de l'humidité.
Solution : Installer une VMC double flux performante AVANT le mur végétal. Non négociable.
Le prix d'un cadre végétal stabilisé est de 135 euros. Plus besoin d'entretien.
Séduisant ? Oui. Mais un acheteur averti verra immédiatement que ce ne sont pas des vraies plantes. Effet "greenwashing" garanti. L'inverse du but recherché.
L'une des solutions les plus économiques reste de se reporter vers les kits proposés par les grandes marques. Un kit mural pour gardénia d'une quinzaine de modules est proposé à 128,19 euros avec un système d'arrosage programmable goutte-à-goutte.
our un cadre décoratif de 1 m² dans une cuisine ? Pourquoi pas. Pour un vrai mur végétal valorisant votre bien ? Faites appel à un professionnel. La différence se voit immédiatement.
Les plantes ont besoin de soins particuliers pour ne pas faner facilement. Enlever les plantes mortes, ajouter des engrais, renouveler le substrat, vérifier le système d'éclairage et d'arrosage, tailler les végétaux.
Un mur végétal mal entretenu lors d'une visite ? C'est pire que pas de mur du tout. Ça envoie le message "propriétaire négligent".
✅ Vous prévoyez une rénovation énergétique globale
✅ Votre ventilation est performante ou sera améliorée
✅ Vous avez le budget pour un professionnel (pas de DIY)
✅ Vous êtes prêt à assurer l'entretien régulier
✅ Vous visez le marché des CSP+ sensibles à l'écologie
✅ Votre bien est en zone urbaine tendue (Paris, Lyon, Bordeaux...)
❌ Votre logement a des problèmes d'humidité non résolus
❌ Votre ventilation est insuffisante
❌ Vous cherchez une solution "miracle" pour le DPE
❌ Vous n'avez pas le budget pour de l'entretien régulier
❌ Votre bien est en zone rurale/périurbaine détendue
❌ Vous comptez vendre dans moins de 2 ans
Pour ceux qui veulent l'effet "nature" sans les contraintes du mur végétal, une alternative gagne du terrain : le jardin d'hiver intégré.
Principe : Une véranda intérieure ou un espace vitré dédié avec de vraies plantes au sol, pas au mur.
Avantages :
Inconvénient : Nécessite plus d'espace au sol.
La RE2020 bouleverse le marché immobilier. Les seuils ont été abaissés dès janvier 2025, entraînant des exigences environnementales accrues.
Face à ce tsunami réglementaire, les propriétaires de l'ancien doivent s'adapter.
Le mur végétal n'est PAS une solution miracle pour améliorer votre DPE. Ce n'est pas un mythe ou une publicité mensongère : même s'il ne suffit pas à purifier entièrement l'air intérieur, un mur végétal placé en intérieur participe à l'amélioration de la qualité de l'air.
Mais son vrai intérêt est ailleurs : c'est un élément de différenciation marketing dans une stratégie globale de rénovation énergétique. Un signal fort envoyé aux acheteurs que ce bien est moderne, sain, et pensé pour le bien-être.
Les logements éco-responsables deviennent plus attractifs et leur prix sur le marché peut augmenter de 5 à 22%.
Dans ce contexte, investir 6 000 à 8 000 euros dans un mur végétal design peut générer 20 000 à 30 000 euros de plus-value sur un bien valorisé à 300 000 euros.
À condition de le faire intelligemment :
Le marché immobilier 2025 ne pardonne plus les passoires thermiques. Les logements classés G sont interdits à la location à compter du 1er janvier 2025. L'interdiction sera étendue aux logements en DPE F en 2028 et aux logements en DPE E en 2034.
Votre choix ? Subir la décote verte (-10% à -30%) ou investir intelligemment dans la valeur verte (+5% à +22%).
Le mur végétal, s'il est bien pensé et bien intégré, peut être ce petit plus qui transforme un bien "rénové comme les autres" en "coup de cœur écologique" qui se vend 30 jours plus vite et 25 000 euros plus cher.
À vous de jouer.
Sources réglementaires :
Pour aller plus loin :
Maître Thomas CARBONNIER – Avocat fiscaliste, Président de l’UNPI 95 Sarcelles