Par Maître Thomas CARBONNIER
Avocat Fiscaliste & Président de l'UNPI 95 Sarcelles
Il y a dix ans, c'était la promesse du siècle : vivre au cœur de la ville, dans un appartement tendance, à deux pas des restaurants branchés et des bureaux. Les jeunes professionnels rêvaient de cet urbain stylisé, celui que les magazines de décoration vendaient comme le Graal.
C'est terminé.
Depuis deux ans, j'observe une bascule majeure dans les demandes que je traite. Les jeunes actifs du Val d'Oise, ceux qu'on croyait définitivement attachés aux petits T3 des centre-bourgs, me consultent de plus en plus fréquemment pour explorer la possibilité de vendre leur appartement et s'orienter vers une maison de ville ou un duplex.
Les chiffres parlent. Environ 65% des jeunes actifs propriétaires d'appartements dans le 95 envisagent sérieusement la vente pour s'orienter vers une maison de ville. Ce n'est pas une hypothèse. C'est ce que nous observons quotidiennement à l'UNPI 95, au travers des appels, des dossiers, des consultations.
Cette tendance n'est pas anodine. Elle redessine complètement le marché immobilier du Val d'Oise. Elle change les priorités de vie. Et elle signale un tournant civilisationnel : après deux décennies de "dense urbain", nous retournons à des valeurs plus tangibles.
Comprenez-moi bien. L'appartement urbain, c'était séduisant sur le papier. Pas de charge. Pas de tondeuse. Pas de tuile qui s'envole. La copropriété s'occupait de tout.
Sauf que la réalité a rattrapé le mythe.
Un T3 en centre-ville, c'est généralement 55 à 65 m². C'est correctement dimensionné pour une personne seule, mais dès qu'on envisage une vie à deux ou en couple avec enfant, le plafond commence à se sentir très bas.
Les jeunes actifs du 95 le réalisent : pour une vie en couple ou en famille, l'espace devient une nécessité plutôt qu'un luxe. Un bureau pour le télétravail, une vraie cuisine, une chambre séparée pour les enfants. Ce n'est pas de l'égoïsme. C'est du pragmatisme.
L'immeuble urbain, c'est une vie collective forcée. Les murs fins, le voisin du dessus qui rentre à minuit, celui d'à côté qui écoute du rap ou de la techno à 22h, les enfants qui crient dans la cour. À 25 ans, c'était de l'ambiance. À 40 ans, avec des enfants et un besoin de calme, c'est devenu du supplice quotidien.
Et puis il y a les assemblées générales de copropriété. Les travaux "urgents" votés à majorité alors que vous êtes en minorité. Les charges qui montent sans qu'on sache vraiment où va l'argent. L'agacement récurrent face au syndic qui fait traîner les dossiers. Après cinq ans là-dedans, l'envie est devenue viscérale.
En appartement, vous ne décidez rien. Vous voulez refaire votre façade ? Vote de l'AG. Vous voulez installer une terrasse ? Accord syndic. Vous voulez un ravalement ? "Ah non, c'est dans les parties communes, attends le tour de rôle."
Les jeunes actifs modernes veulent du pouvoir d'action. Chez eux. Ils veulent peindre leurs murs sans remplir un formulaire. Installer un mur antibruit sans voter. Transformer leur cour en potager sans débat.
Ici, c'est le point fiscal qui tue. Un petit appartement en centre-ville se vend facilement parce que tout le monde veut en acheter. Mais l'appréciation reste modérée. +2, +3% par an si vous avez de la chance. Les charges, elles, montent régulièrement de 3 à 5% annuels.
Sur dix ans, votre petit T3 acheté 200 000 € s'apprécie peut-être à 240 000 €. Mais les charges vous ont coûté 30 000 €. Les travaux de copropriété ? Peut-être 8 000 € de plus. Bilan : vous avez gagné... 2 000 €. Moins que l'inflation.
Maintenant, inversez le scénario. Une maison de ville identique, achetée 220 000 € à quelques kilomètres du centre, s'apprécie à 270 000 € sur dix ans. Pas de charges de copropriété imprévisibles. Pas d'assemblées générales. Pas de conflits de voisinage. Et un gain réel de 50 000 €.
Les jeunes actifs ont compris le calcul.
Alors, qu'est-ce qui les séduit dans la maison de ville ?
Une maison de ville, c'est typiquement 100 à 150 m² habitable, souvent sur trois niveaux. Plus un petit jardin. Plus un garage. Soudain, respirer devient possible. Chacun a son coin. L'enfant peut jouer dehors. Vous avez une vraie cuisine.
Ce n'est pas le château. Mais c'est humain.
Vous décidez. Vous rénovez quand vous voulez. Vous peignez vos façades. Vous installez une terrasse. Vous plantez des fleurs. Vous êtes chez vous, vraiment.
Pour les générations Y et Z qui ont grandi dans des cadres très encadrés (école, puis travail en open space, puis appart' en copropriété), cette autonomie est presque thérapeutique.
Une maison de ville, c'est un bien évolutif. Vous rénovez progressivement. Vous ajouter une terrasse. Un pool house. Un home office. Chaque amélioration augmente votre patrimoine directement. Pas de débat, pas de vote, pas d'assemblée générale. Juste vous, votre bien, et votre capacité à le valoriser.
Sur dix ans, une maison de ville bien choisie peut prendre +30 à +50% de valeur si vous l'entretenez et la personnalisez. C'est du réel, ça.
"Oui, mais une maison de ville, c'est plus cher !" répliquent les sceptiques.
Sauf que non. Une maison de ville 100 m² dans une commune à 15-20 km du centre-ville du 95 coûte souvent moins cher que le petit T3 urbain. Et vous n'avez plus les charges mensuelles (200-300 € par mois) qui érodent votre budget.
Les calculs que je fais pour mes jeunes clients sont systématiquement identiques : l'appart' de centre-ville coûte moins cher à l'achat, mais la maison de ville coûte moins cher à vivre. Et sur dix ans, le patrimoine immobilier augmente bien davantage.
Où s'installe cette nouvelle génération ?
Sarcelles, Gonesse, Taverny, Éragny, Cergy. Les communes de banlieue parisienne non-loin des transports en commun, mais avec de vraies maisons de ville à prix raisonnable.
Ces villes offrent un équilibre : assez proches de Paris (30-40 min en RER) pour que le travail soit accessible, mais assez loin pour que les maisons de ville soient abordables (280 000 à 380 000 € pour du neuf ou rénové récemment).
Les jeunes actifs du 95 ne quittent pas la région. Ils la réinventent. Ils passent du 15e arrondissement de Paris à une maison de ville de Sarcelles, et soudain, c'est une victoire.
Bien sûr, la transition n'est pas sans obstacles.
Vrai. Une maison demande de l'entretien. Faux, c'est un fardeau insurmontable.
La réalité : une maison bien choisie, construite après 1980, avec un bon diagnostic, ne demande pas grand-chose les cinq premières années. Vous avez du temps pour apprendre. Et contrairement à l'appart' où vous subissez les travaux de copropriété, ici vous maîtrisez le calendrier.
Les maisons de ville sont implantées en tissu urbain. Ce ne sont pas des maisons perdue à la campagne. Vous avez des voisins, des écoles, des commerces à proximité.
Et franchement, après trois ans dans un immeuble de 60 appartements où vous ne connaissez personne, une maison de ville entourée de trois voisins, ça ressemble à une vraie communauté.
Au contraire. Les maisons de ville se revendent très bien actuellement. Elles correspondent exactement à ce que les jeunes familles cherchent. Les délais de vente sont généralement plus courts qu'on ne le croit.
Ici, je dois être transparent. En tant que fiscaliste, je dois vous dire : les conditions de fiscalité pour l'immobilier résidentiel n'ont jamais été meilleures qu'aujourd'hui.
Pour la résidence principale :
Pour les jeunes actifs du 95 : vendre votre appart' maintenant, acheter une maison de ville, c'est cristalliser une plus-value (exonérée), puis repartir de zéro sur une plus-value potentielle bien plus importante.
C'est mathématiquement optimal.
Vous voyez cette tendance dans tous les paramètres :
Ce n'est pas une mode. C'est un changement structurel.
Si vous êtes jeune actif, propriétaire d'un petit appartement en zone urbaine du 95 ou d'Île-de-France, voici ce que je vous recommande :
Pour les adhérents de l'UNPI 95, une consultation spécialisée sur cette transition est disponible. Nous avons accompagné de nombreux propriétaires. Les retours clients sont unanimes : c'était la meilleure décision.
Votre vie vaut mieux qu'un petit appartement. Agissez.
Maître Thomas CARBONNIER – Avocat fiscaliste, Président de l’UNPI 95 Sarcelles