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UNPI 95
Chambre Syndicale de la Propriété Immobilière

Paris Détruit Ceux Qui La Sauvent

Le Crime Silencieux Contre les Bailleurs Modestes

La vraie histoire du logement à Paris n'est pas celle que racontent les mairies. C'est l'histoire d'une trahison.

Pendant quarante ans, les politiques ont laissé pourrir le marché immobilier parisien. Pas assez de construction. Trop de réglementations. Des revenus qui stagnent pendant que les prix explosent. Un État absent qui prétend vouloir aider tout en étouffant ceux qui agissent.

Et puis, un jour, les petits bailleurs ont trouvé la solution. Pas l'État. Pas les grandes sociétés d'HLM. Les petits propriétaires individuels. Des retraités. Des familles de classe moyenne. Des jeunes qui ont économisé pendant dix ans. Des gens ordinaires qui possédaient un bien immobilier et qui ont eu une idée simple : et si on le divisait pour loger plus de monde ?

Le coliving n'était pas une invention de la financiarisation. C'était une rébellion contre elle. C'était la preuve que le marché, même écrasé par la réglementation, pouvait encore générer des solutions pragmatiques.

Et voilà que Paris s'apprête à tuer ceux qui sauvaient sa peau.

Une Réalité Que Personne Ne Veut Voir

Oublions les fantasmes des réunions de mairie. Oublions les discours sur la "financiarisation du logement". Regardons simplement les chiffres réels.

Un petit bailleur loue un T3 en colocation à trois jeunes actifs à Paris, 13e arrondissement. Avec l'encadrement des loyers imposé depuis 2015, le revenu total ne peut pas dépasser 1 200 à 1 300 euros mensuels. Pas 1 650. Pas 2 000. 1 200.

Maintenant, énumérez les charges réelles. Et soyons honnêtes : beaucoup de petits bailleurs ont acheté leur bien récemment, endettés à des taux bas mais sur 20 ou 25 ans.

Pour un T3 à 350 000 euros acheté aujourd'hui à 3,5% sur 25 ans :

  • Le crédit immobilier : 1 580 euros mensuels
  • Les taxes foncières : 150 euros
  • L'assurance : 50 euros
  • L'entretien et les dégradations : 100 euros
  • Le syndic de copropriété : 100 euros
  • Les impôts sur les revenus locatifs : 180 euros après abattement fiscal

Total des charges mensuelles : 2 160 euros.

Le revenu de la colocation : 1 200 euros.

Le déficit mensuel : 960 euros.

Oui, vous avez bien lu. Le petit bailleur perd 960 euros chaque mois. Il doit les couvrir avec ses autres revenus. Ou ne pas les couvrir et s'enfoncer dans la dette.

Et c'est en supposant aucune vacance, aucun dégât, aucun impayé. Si l'un des trois colocataires part, le déficit mensuel devient 1 300 euros. Si deux partent simultanément, c'est 1 640 euros de perte mensuelle.

Voilà la réalité que personne n'énonce.

Voilà la réalité. Le petit bailleur ne s'engraisse pas. Il ne "financiarise" rien. Il couvre ses charges. Parfois à peine. Et encore, seulement quand tout fonctionne sans problème.

Ce petit bailleur n'est pas un rentier. C'est quelqu'un qui accepte un rendement de 2 à 3% annuels — moins que l'inflation — pour permettre à des jeunes de vivre au cœur de Paris.

Comprenez-vous l'absurdité ? Cet homme ou cette femme sacrifie le rendement réel de son investissement, accepte un risque permanent (dégâts, impayés, vacances), gère des locataires, paie des impôts, et reçoit en retour une accusation de "financiarisation".

Pendant Ce Temps, La Mairie Se Vêt En Dior

Il y a quelque chose de profondément dégueulasse dans la situation actuelle. Quelque chose qui dépasse l'incompétence politique. C'est de l'hypocrisie institutionnalisée.

La Mairie impose des réglementations draconiennes aux petits bailleurs. Taxation à 10-25% supplémentaires. Enregistrements obligatoires. Risque de 50 000 euros d'amende pour non-conformité. Surveillance étroite. Demandes de justificatifs constants. Un climat de suspicion permanente.

Et pendant ce temps, entre 2020 et 2023, la maire de Paris dépense 210 000 euros en "frais de représentation". 210 000 euros financés par les impôts des mêmes Parisiens qui voient leur taxe foncière augmenter de 52% en 2023.

84 000 euros de cette somme ? Des vêtements de luxe. Deux robes Dior pour 6 320 euros. Un manteau Burberry à 3 000 euros. Une blouse Dior à 1 120 euros. Des vestes Burberry. Des ponchos. Une garde-robe de star payée par les contribuables.

125 000 euros ? Des déplacements à l'étranger. New York. Tokyo. Tahiti. Ce dernier voyage prolongé pour des raisons personnelles, toujours aux frais publics.

Et la Mairie a résisté pendant des années à la publication de ces frais. Ce n'est qu'après une bataille judiciaire menée par l'association "Transparence citoyenne" qu'une partie des justificatifs a été révélée. Mediapart a dû les publier pour que la vérité sorte.

La Mairie exige la transparence totale des petits bailleurs. Elle en demande le registre, les justificatifs, les baux. Mais elle-même ? Elle cache ses dépenses. Elle résiste. Elle ment par omission.

Voilà le message réel : "Vous, les petits propriétaires, vous serez surveillés, taxés, régulés, menacés. Nous, les élus, nous nous vêtirons en Dior avec votre argent, et vous n'avez pas le droit de le savoir."

Le Meurtre d'une Génération

Mais il y a quelque chose de pire que cette hypocrisie. Il y a la stupidité du crime.

À Paris, en 2025, les jeunes ne deviennent plus propriétaires pour spéculer. Ils deviennent propriétaires pour survivre. Ou plutôt, ils ne deviennent pas propriétaires, parce qu'ils n'en ont pas les moyens. Un apport de 30 000 euros pour un petit studio ? Impossible. Ils cherchent à louer. C'est déjà assez difficile.

Et voilà que la Mairie interdit le coliving.

Cela signifie que les trois étudiants qui partageaient une chambre à 400 euros par mois devront partir. Ils iront à Pantin. Ou à Lyon. Ou chez leurs parents. Paris perdra une génération de jeunes talents, d'entrepreneurs, de créatifs.

Les petits bailleurs qui louaient en colocation ? Ils vont arrêter. Certains vendront. D'autres laisseront le bien vacant en attendant. Les T5 et T6 près du Luxembourg qui demeurent inloués devront rester inloués. Aucun créateur de petits logements, aucune transformation pragmatique du stock existant.

Et Paris se verra condamné à un destin qu'on peut voir venir : une ville musée pour retraités aisés et cadres supérieurs. Les autres iront ailleurs. Les jeunes qui auraient pu créer l'énergie de la ville, innover, danser, rire — ils seront partis.

Paris devient un cimetière pour riches.

Le Paradoxe Qui Tue

Voici le paradoxe que personne n'ose énoncer clairement :

Les petits bailleurs logeaient les jeunes que l'État n'aidait pas. Les HLM ? Des années d'attente. L'État ? Absent. Le secteur privé de luxe ? Inaccessible. Restaient les petits propriétaires, prêts à accepter un rendement minable pour permettre à des jeunes de vivre dignement en centre-ville.

Ce n'était pas du capitalisme débridé. C'était du pragmatisme social. C'était un système qui marchait.

Et la Mairie, au lieu de le reconnaître et de l'encourager, l'attaque. Elle le régule. Elle le pénalise. Elle le tue.

Résultat ? Moins de logements. Plus chers. Moins de jeunes. Plus de gentrification. Plus de vide immobilier. Plus de pénurie. Exactement l'inverse de ce qui était promis.

C'est comme si on interdisait les bénévoles qui aidaient les sans-abris, puis on se plaignait qu'il y ait plus de sans-abris.

Ce Qu'on Ne Dit Pas Sur les Fonds d'Investissement

Il y a bien quelques fonds d'investissement qui gèrent du coliving abusif. Des micro-chambres de 8 m². Des suroccupations. Des rendements de 12-15%. Oui, cela existe. Oui, cela doit être encadré.

Mais voici la vérité que la Mairie ne veux pas entendre : ce ne sont pas les fonds d'investissement qui sont principalement attaqués. Ce sont les petits bailleurs.

Les fonds ont des structures juridiques complexes, des avocats, des stratégies de contournement. Quand la Mairie leur rend la tâche difficile, ils se réinventent. Ils louent en meublé touristique. Ils changent de statut. Ils vendent à d'autres structures. Ils migrent à Londres, Amsterdam, Berlin. C'est du jeu pour eux.

Les petits bailleurs ? Ils abandonnent. Ils n'ont pas d'avocats. Pas de stratégie. Pas de plan B. Ils ont juste des charges à couvrir et une vie à vivre. Alors ils arrêtent. Et leurs logements disparaissent du marché.

La réglementation tue les innocents et laisse les coupables indemnes.

La Vision Sombre Qui S'Annonce

Voici ce qui va se passer si cette trajectoire continue. On peut le voir aussi clairement que les astres dans le ciel.

D'ici 5 ans :

  • 15 000 à 20 000 chambres vont disparaître du marché parisien
  • Les loyers restants vont exploser de 30 à 50%
  • La composition démographique de Paris va changer radicalement
  • Les jeunes de classe moyenne seront partis
  • Les moins de 30 ans représenteront moins de 15% de la population parisienne

D'ici 10 ans :

  • Paris sera une ville morte économiquement
  • Pas d'énergie, pas de jeunesse, pas de création
  • Les salaires ne suffiront plus à attirer les talents
  • Les startup délocaliseront leurs sièges
  • Les universités perdront leurs étudiants

D'ici 20 ans :

  • Paris sera un musée
  • Magnifique, peut-être, mais muséifié
  • Aucune âme jeune
  • Aucune aspiration nouvelle
  • Juste une belle carcasse vidée de sa vitalité

Les villes qui vieillissent meurent. C'est une loi économique aussi certaine que la gravité. Et Paris choisit activement de vivre cette mort.

Ce Que Veulent Réellement les Bailleurs

Les petits bailleurs ne demandent pas la charité. Ils ne demandent pas d'aides. Ils ne demandent pas qu'on les loue.

Ils demandent juste qu'on les laisse tranquilles.

Qu'on établisse des règles claires et stables. Qu'on cible réellement les abus (micro-chambres, suroccupation). Qu'on reconnaisse la différence entre une veuve qui loue un bien hérité et un fonds spéculatif qui découpe des appartements en box-cages.

Qu'on comprenne que louer une chambre à 400-500 euros à un étudiant est un service social, pas une exploitation.

Qu'on cesse de les traiter comme des criminels.

Et surtout, qu'on reconnaisse la réalité : ce sont les petits bailleurs qui sauvent Paris. Pas l'État. Pas la Mairie. Les petits bailleurs.

Le Crime Silencieux

Voici ce qui se passe en réalité. Un crime silencieux, bureaucratique, légal mais profondément immoral.

Une veuve de 67 ans possède un T4 hérité. Elle y a grandi. Elle le loue en colocation à trois jeunes pour 1 500 euros mensuels. Sa retraite : 1 100 euros. Allocation veuvage : 200 euros. Total : 2 800 euros mensuels pour vivre, seule, dans le 11e arrondissement.

Avec la nouvelle réglementation, elle doit choisir : s'enregistrer en meublé touristique (impossible légalement), louer à un seul locataire (perte de 300 euros mensuels), ou vendre (perte sèche définitive).

Elle est ruinée. Par qui ? Par ceux qui prétendaient la protéger.

Une famille de classe moyenne achète un T5 pour y vivre. Quinze ans plus tard, elle déménage en banlieue pour avoir un jardin. Elle loue le bien en colocation pour financer son nouveau projet immobilier. C'est logique. C'est rationnel. C'est honnête.

Avec la nouvelle réglementation, leur source de revenus s'évapore. Ils doivent choisir entre vendre (perte de plus-value) ou laisser le bien vacant (perte totale).

Ils sont piégés. Par qui ? Par ceux qui prétendaient les aider.

Un jeune, 35 ans, a épargné pendant dix ans. Il achète un immeuble parisien. Il emprunte 450 000 euros sur 20 ans. Son plan : le louer en colocation à bon prix, rembourser progressivement, accumuler du patrimoine pour sa retraite. C'est le rêve français. L'accession immobilière.

Avec la nouvelle réglementation, son projet devient impossible. Le rendement s'effondre. Ses calculs financiers s'écroulent. Il est bloqué avec un emprunt de 450 000 euros et un bien qui ne lui rapporte rien.

Il est détruit. Par qui ? Par ceux qui prétendaient vouloir aider les jeunes.

Voilà le crime silencieux. Trois vies normales anéanties par une réglementation bureaucratique pensée par des gens qui ne se sont jamais posé la question : "Et ceux qui vivent vraiment de cela ?"

La Vérité Obscène

Voici la vérité obscène qu'on ne dira jamais dans les réunions de la Mairie :

Paris ne peut pas se permettre de tuer ses petits bailleurs.

Pas parce qu'ils sont riches. Parce qu'ils sont la solution de secours du marché immobilier parisien. Ils logent les gens que personne d'autre ne loge. Ils utilisent le stock existant, plutôt que de réclamer de la nouvelle construction. Ils acceptent des rendements minables pour maintenir une forme de mixité social.

En les tuant, on tue le dernier amortisseur du système. Après eux, il n'y a rien. Rien que la pénurie. Rien que la gentrification. Rien que le vide.

Et c'est précisément ce que la Mairie veut. Pas par méchanceté. Par bêtise bureaucratique. Par incapacité à voir au-delà du prochain bulletin de vote. Par soif de contrôle total d'un marché qu'elle ne comprend pas.

L'Avenir Que Nous Attendrait

Voici ce qui se passe dans les villes qui ont suivi cette trajectory. Venise. Amsterdam avant les réformes récentes. Londres. Des villes où le marché du logement s'est concentré aux mains de quelques grands propriétaires. Où les petits bailleurs ont disparu. Où les jeunes ne peuvent plus vivre.

Ces villes sont devenues des coquilles vides. Magnifiques. Touristiques. Mortes.

Paris suit exactement la même route. Pas par fatalité. Par choix politique. Par une succession de petites décisions "raisonnables" qui accumulent une trajectoire catastrophique.

Et dans 20 ans, on se demandera : "Comment en sommes-nous arrivés là ?" Et personne ne pourra répondre, parce qu'il n'y a pas un moment spécifique. Il n'y a que l'accumulation silencieuse de petites destructions.

L'Appel Final

Voici mon appel direct à quiconque lit ceci :

Si vous êtes un petit bailleur, vous n'êtes pas un criminel. Vous n'êtes pas un "rentier qui s'engraisse". Vous êtes quelqu'un qui aide. Qui prend un risque. Qui accepte un rendement minab pour permettre aux autres de vivre. Vous êtes une part de la solution. Et on vous traite comme une part du problème.

Si vous êtes un jeune locataire, comprenez ceci : ce ne sont pas les "rentiers" qui vous hébergent. Ce sont les petits bailleurs. Ce sont les retraités. Ce sont les familles modestes. Ce sont vos voisins. Et si vous les laissez étouffer, vous vous étouffez vous-même.

Si vous êtes un politicien, posez-vous une question simple : "Qui loge réellement les jeunes parisiens ? L'État ? Non. Les grande sociétés ? Non. Les petits propriétaires. Et je m'apprête à les détruire."

Et si vous avez le pouvoir d'arrêter cela, faites-le.

Paris est à un carrefour. Un chemin mène à la régulation intelligente et à l'encouragement des petits bailleurs. L'autre mène à la pénurie programmée et à la mort lente de la ville.

Nous savons quel chemin on a choisi. La question est : combien de temps avant qu'on se réveille ?

Maître Thomas CARBONNIER – Avocat fiscaliste, Président de l’UNPI 95 Sarcelles