EY quitte La Défense fin 2025 pour l'immeuble One Monceau (Paris 8e, face au parc Monceau). Mazars suit le mouvement. Derrière ces départs, une question vertigineuse : et si le Grand Paris Express arrivait trop tard ? Et si, paradoxalement, ces nouvelles lignes ne faisaient qu'accélérer la fuite vers Paris intra-muros plutôt que de valoriser la banlieue ?
Mais ce retour vers Paris pose une équation insoluble : les prix parisiens sont déjà stratosphériques (>10 000 €/m² en moyenne), et la mission parlementaire qui veut étendre l'encadrement des loyers va encore réduire l'offre. Cercle vicieux.
EY, dont le bail portant sur plus de 44 000 m² au sein de la tour First s'achève fin 2025, s'apprête à tourner la page de son histoire avec le quartier d'affaires de La Défense. Le cabinet rejoint l'immeuble One Monceau, avenue Hoche, Paris 8e.
Mazars délaissera dans le courant de l'année 2025 la tour Exaltis pour rejoindre également Paris intra-muros.
Ce n'est pas anecdotique. C'est un mouvement de fond.
KPMG reste à La Défense (tour Eqho), Deloitte aussi (tour Majunga). Mais l'hémorragie a commencé. Et elle révèle une vérité dérangeante : les entreprises de services à haute valeur ajoutée préfèrent Paris aux quartiers d'affaires de banlieue, même ultraconnectés.
Le stock de bureaux vides franciliens s'élève désormais à 5,64 millions de m², ce qui correspond à un taux de vacance immédiat de 10,2 % contre 8,5 % fin 2023.
À La Défense spécifiquement : la vacance des bureaux pourrait atteindre 12 % d'ici 2034, et le taux de vacance record de 15,50 % au 31 décembre 2022 témoigne d'une crise structurelle.
Pourquoi les entreprises fuient-elles ?
Le Grand Paris Express devait rendre la banlieue aussi attractive que Paris. Pari raté ?
Promesse GPE (2010-2015) : "Relier la banlieue = valoriser la banlieue = attirer les entreprises et habitants"
Réalité 2025 :
Paradoxe : Plus on améliore les transports vers Paris, plus les entreprises et talents veulent être... à Paris. Mais Paris devient inabordable (>10 000 €/m² en moyenne) ET l'encadrement des loyers étendu par la mission parlementaire détruit l'offre locative.
Résultat : Les classes moyennes sont prises en étau. Trop riches pour le social, trop pauvres pour Paris, refoulées vers des banlieues qui perdent leurs emplois.
Prenons Saint-Denis-Pleyel, futur super-hub avec lignes 14, 15, 16, 17 + RER D.
Logique théorique : Connexion parfaite → attractivité → hausse prix immobilier → développement économique
Réalité observée :
Pendant ce temps, Paris intra-muros :
Conclusion brutale : Saint-Denis-Pleyel devient un hub de transit, pas une destination. Les gens y passent pour aller à Paris. Mais Paris devient inabordable. Les classes moyennes sont piégées entre une banlieue qui se vide de ses emplois et une capitale hors de prix.
Sarcelles n'aura pas de station Grand Paris Express. Ligne H du Transilien, gare de Sarcelles-Saint-Brice, 25 minutes vers Paris Nord. C'est tout.
1. Pas de bulle spéculative
2. Pas de concurrence du neuf massif
3. Fonction résidentielle assumée
4. Effet ricochet positif
T3 Saint-Denis-Pleyel (65 m²) :
T3 Sarcelles (65 m²) :
Avec 270 000 €, vous pouvez acheter 2,5 T3 à Sarcelles et générer 28 500 €/an de loyers bruts au lieu de 11 400 €.
La vacance des bureaux est un indicateur avancé de la désaffection pour la banlieue tertiaire.
Enseignements :
Impact immobilier résidentiel : Si les bureaux fuient, les emplois fuient. Si les emplois fuient, la demande locative résidentielle s'érode. La boucle est bouclée.
Les centres commerciaux de banlieue souffrent. Les commerces de proximité périclitent. Paris centralise l'offre premium.
Logique :
Pour les propriétaires : Un logement dans une commune sans commerces de proximité dynamiques perd de la valeur. Sarcelles doit préserver/développer son tissu commercial local.
Le résidentiel résiste mieux car :
Mais attention : Si emplois et commerces désertent, même le résidentiel finira par trinquer.
Le Grand Paris Express devait créer une "métropole polycentrique". Il risque d'accélérer la concentration sur Paris.
Mécanisme pervers :
Exemple : La ligne 14 devait valoriser Saint-Ouen. Résultat : Saint-Ouen est devenue une extension dortoir de Paris, pas un pôle autonome.
Pour qui : Investisseurs cherchant cashflow immédiat
Logique :
Risque : Stagnation long terme si emplois/commerces continuent de fuir vers Paris
Pour qui : Investisseurs patrimoniaux à long terme avec capital important
Logique :
Équation paradoxale :
Inconvénient majeur : Ticket d'entrée prohibitif pour la majorité des investisseurs, rentabilité locative quasi nulle
Pour qui : Compromis rendement/sécurité
Logique :
À surveiller : Évolution de l'emploi local
Saint-Denis-Pleyel, Le Bourget... Pourquoi c'est risqué :
Le Grand Paris Express ne sera peut-être pas le game changer annoncé. Pire : il pourrait aggraver la concentration sur Paris intra-muros, rendant la capitale encore plus chère tout en vidant la banlieue de ses emplois.
L'équation insoluble du logement francilien :
Prédiction probable : Paris continuera à grimper (offre bloquée + demande forte + retour entreprises) tandis que la banlieue se segmentera entre zones très connectées mais chères/peu rentables (Saint-Denis) et zones abordables mais déconnectées de l'emploi.
Pour les propriétaires du Val-d'Oise, trois scénarios :
Scénario optimiste (peu probable) :
Scénario médian (probable) :
Scénario pessimiste (possible) :
Position UNPI : privilégier le scénario médian, se préparer au pessimiste
La grande illusion du Grand Paris Express : On pensait qu'il valoriserait la banlieue. Il facilite surtout l'accès à Paris, renforçant paradoxalement sa centralité. Et Paris, malgré son inaccessibilité croissante (>10 000 €/m²), continuera probablement à grimper car l'offre se raréfie (encadrement loyers) tandis que la demande s'intensifie (retour des entreprises).
Dans ce contexte, Sarcelles—ville résidentielle bien desservie, prix accessibles, rentabilité élevée—offre un meilleur couple risque/rendement que les communes "sur-équipées" en transport mais économiquement fragiles.
Le meilleur investissement ? Celui qui rapporte dès aujourd'hui, pas celui qui promet hypothétiquement demain.
Maître Thomas CARBONNIER – Avocat fiscaliste, Président de l’UNPI 95 Sarcelles